Ilo Veyou Camille

Au théâtre du Châtelet, pieds nus sous la lumière d’une ampoule, Camille m’a entraînée dans son univers poétique, drôle et fantasque. Quel sacré voyage entre musique, théâtre et danse…

Camille me fait penser à une certaine Björk, version française. Elle prend la musique très au sérieux, ça se sent, c’est un peu comme un sacerdoce, mais elle ne se prend pas au sérieux, du tout. C’est d’autant plus étonnant qu’on entend bien, par moments, qu’elle a à sa disposition un outil vocal non indifférent, et elle pourrait en jouer davantage, comme le font d’autres chanteuses à voix. Il n’en est rien. Elle pourrait aussi choisir le brushing bien lisse d’une chanteuse de variété, ses talons aiguilles, ses émissions téléréalité et ses tournées dans les stades. Que nenni. Tout au début de sa carrière, avant de devenir Camille, elle a fait un tour dans ce charmant pays musical et ne s’y est pas trouvée (heureusement). Depuis Le Fil, elle cherche autre chose, elle creuse son chemin, elle s’amuse, elle expérimente. Parfois, sa voix est un souffle, parfois elle est poignante. Elle fait des grimaces et des bruits avec sa bouche, ses pieds, son corps, et c’est très sérieux. Elle écrit des textes ciselés comme de la dentelle, tantôt drôles tantôt touchants. Elle tourne des vidéos loufoques avec des agneaux sur les berges ou dans des chapelles abandonnées (ô le son!), se produit pieds nus, cheveux en pagaille, avec des musiciens/mineurs au (drôle de) casque-micro sur la tête. Entre lisse et rugueux, elle a choisi rugueux. Ne serait-ce que pour ça, elle a mérité mon admiration et mon respect.

En live, guidée par une très belle mise en scène et accompagnée par les suscités (excellents) musiciens (il y a aussi une fille, mais dépourvue de casque-micro), elle vous embarque pour un tour de manège de quatrevingtdixminutes où la musique est reine. On passe du rire aux larmes et retour express, puis on se lève, on tape des mains, on se rassoit, on se relève, et on recommence. Tout le long, Camille fait preuve d’une pêche d’enfer; même enceinte, elle se donne à corps entier et le public la suit car elle ne perd jamais le fil de son authenticité. Arrivés à ce point, il serait d’usage de dire si on aime (plus ou moins) tel ou tel morceau. Dans ce cas-à, c’est une question hors sujet. C’est surtout qu’on suit, émerveillés et presque un peu hypnotisés, cet ovni qui évolue sur scène, d’une joyeuse pagaille à un religieux silence, toujours à l’affut du son qui fait vibrer. Et ça, c’est un vrai régal. Mars is no fun, et ma foi, elle sait bien de quoi elle parle.

Ilo Veyou Camille.

* Crédit photo site officiel de Camille

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